intervista

Ne ressuscitez pas un groupe politique disparu.

Interview exclusive de la mère de Shiva Nazar-Ahari’s Mother avec Rooz

Fereshteh Ghazi

Le procès de la militante des droits humains Shiva Nazar-Ahari commencera le 23 mai 2010. Cette militante, derrière les barreaux depuis 11 mois est toujours détenue à l’isolement dans le quartier 209 de la prison d’Evine avec une camarade de cellule. Rooz a parlé avec la mère de Shiva, Shahrzad Kariman, a propos de la situation de sa fille et de ses conditions de vie en prison. Elle dit que sa fille semble avoir bon moral et explique combien elle est absolument fière d’elle.

Shiva a été arrêtée lors des vagues d’arrestations de militants politiques, civiques et de journalistes, seulement deux jours après les élections présidentielles du 12 juin 2009, à l’apogée des manifestations contre l’annonce officielle des résultats des élections, que l’on qualifie largement en Iran de « coup électoral ». L’annonce maintenait le sortant Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la république islamique mais elle a aussi énormément relancé les réformistes iraniens et le Mouvement Vert. Shiva a été relâchée environ quatre mois plus tard contre une caution d’environ 200.000 USD. Son arrestation a eu lieu car elle est la fondatrice et porte-parole des Reporters pour les Droits Humains (Gozareshgaran Hoghough Bashar), mais c’est également une étudiante empêchée de continuer ses études à cause de son militantisme. Shiva a de nouveau été arrêtée trois mois après sa libération  alors qu’elle se rendait à Qom pour assister aux funérailles de l’ayatollah Montazéri. Les rapports publiés à son sujet font état de l’inquiétude grandissante des membres de sa famille et de ses proches.

« Shiva est toujours au bloc 209 d’Evine dans une cellule de deux personnes » dit sa mère. « Je ne connais pas sa camarade de cellule, je sais juste qu’elle a 63 ans accusée de délinquance financière. La situation de Shiva n’a pas changé et elle n’a pas encore été transférée dans la quartier commun ; son dossier a été transmis à la 26ème chambre de la cour révolutionnaire et son procès est prévu pour le 23 mai 2010.

La mère de Shiva parle de la situation obscure du procès de sa fille et dit : « Les autorités ont d’abord dit qu’on examinerait les accusations liées à son premier procès lors de cette audience, mais, lors de mes deux conversations avec le procureur général de Téhéran et des deux entrevues qu’il a eues avec Shiva dans sa cellule, il a déclaré qu’on examinerait les accusations qui ont causé les deux arrestations lors de la même audience pour qu’elle ne comparaisse qu’une fois. Nous ne savons rien de plus à ce sujet. »

Cette semaine, il y aura 150 jours d’écoulés depuis la seconde arrestation de Shiva mais sa mère croit qu’elle a bon moral. « Le moral de Shiva est très bon. Elle ne se plaint pas de la prison ou de sa cellule de deux personnes. Les vitres des cabines de visite de la prison sont tellement sales qu’on voit à peine le visage de la personne de l’autre côté. Mais lors de ma dernière visite, Shiva m’a paru très mince. »

Accusations de coopération avec les Moudjahiddines (MKO)

Récemment, les médias progouvernementaux en Iran ont publié des rapports accusant Shiva d’avoir des liens et d’avoir coopéré avec l’organisation armée des Moudjahiddines du peuple (Sazemane Mojahedine Khalq Iran, MKO). Des photos de réunions avec Mir-Hossein Moussavi et son épouse Zahra Rahnavard ont été publiées pour tenter de l’incriminer et de la dépeindre comme une opposante qu régime. Le rapport dit qu’elle a été membre du MKO, qu’elle a des relations étroites avec eux et qu’elle en aurait fait part aux dirigeants du mouvement d’opposition actuelle en Iran.

Madame Kariman rejette ces charges et dit : « Shiva elle-même, de même que Saïd Kalanaki, Saïd Djalalifar, Mehrdad Rahimi et Saïd Haeri ont écrit une lettre pour accuser les médias progouvernementaux d’essayer de les lier à une organisation que ces détenus disent détester.

La mère de Shiva a exprimé  sa colère contre ce que les médias progouvernementaux ont écrit sur sa fille et les accusations de liens avec le MKO en disant : « Les charges qui lui ont été signifiées étaient des actions contre la sécurité nationale et propagande contre l’état. Je ne sais pas d’où viennent ces autres charges. Personne n’a vu son dossier, pas même ses avocats et les audiences ont été tenu a huis clos sans présence de journalistes. Jusqu’à ce jour, aucun procès de qui que ce soit n’a apporté la véracité de ce dont on l’accuse. Alors je ne sais pas d’où ces journaux tiennent ces accusations. »

Elle prouve sa foi et sa résolution en disant : « Nous ne passerons pas ça sous silence et nous réservons le droit de porter plainte contre Radja News, Vatan Emrouz, et les autres médias qui publient ces rapports diffamatoires. »

A propos de sa rencontre avec le procureur de Téhéran, Madame Kariman explique qu’on lui a dit que les membres des Reporters pour les Droits Humains ignoraient que leur travail correspondait à celui du MKO. « J’ai dit au procureur que ma fille acceptait de rester longtemps en prison mais pas d’être accusée de contact avec ce groupe parce qu’elle a toujours dit que les activités de ce groupe étaient en opposition totale avec les droits humains, qu’elle avait toujours mentionné les activités terroristes de ce groupe pendant les premières années de la révolution. » A propos des reporters des droits humains, Madame Kariman dit que ce groupe défendait les droits humains sans s’occuper des appartenances à un groupe ou des affiliations idéologiques. « J’ai dit au procureur que Shiva savait que son téléphone était sur écoute mais qu’elle n’avait rien à cacher et travaillait en toute transparence et qu’ils ne devraient pas ressusciter ce groupe disparu. »

La résistance de Shiva

« J’attends de la cour et du procès qu’ils soient justes et équitables comme nous l’a promis le procureur, j’espère que le procès ne comportera qu’une audience en tout et pour tout. Je suis vraiment fatiguée de cette incertitude et j’espère que le procès respectera les lois constitutionnelles » A dit Madame Kariman.

A propose de sa fille et soulignant sa fierté et son chagrin de mère, Madame Kariman a loué la forte volonté et l’excellent moral de sa fille durant les 11 mois qu’elle a passé derrières les barreaux, mais elle a dit cela alors que des larmes coulaient sur ses joues. « Ma fille me manque beaucoup et je suis fière d’elle. Je suis fière de sa résistance. Elle ne se plaint absolument pas pour ne pas que je souffre. Elle dit toujours que tout va bien pour elle et qu’il n’y a pas à s’inquiéter. »

Madame Kariman conclut notre entretien en affirmant sa foi en Dieu et qu’elle s’en remet à Dieu pour que les juges soient équitables : « Seul Dieu sait ce que nous avons traversé pendant ces 11 mois. »

Source: Rooz